animal sujet publie les traductions d’articles animalistes : militantisme, résistance et agentivité animales, cohabitation humains-animaux...

Analyse stratégique des réformes pour le bien-être animal ... (7)




empêchées. Les ancêtres sauvages des poules sont la proie de plusieurs prédateurs terrestres et aériens. Par conséquent, les poules sont inquiètes dans les situations qui ne leur permettent pas de s’envoler hors d’atteinte des prédateurs potentiels.

2. Evaluez la souffrance que cette mesure est supposée soulager

La souffrance causée par les cages de batterie(7) est, à juste titre,  largement considérée comme l’une des souffrances les plus intenses et les plus persistantes parmi celles infligées aux animaux par les humains. Les poules de batteries ne peuvent pas se déplacer, se coucher confortablement, ou étendre totalement leurs ailes. Leurs pattes sont souvent estropiées à force de serrer les barreaux de la cage et les muscles de leurs pattes s’atrophient en raison du manque d’exercice. Le frottement constant contre le grillage de la cage et contre leurs compagnes cause la perte de plumes et des abrasions douloureuses. Les écorchures les plus graves se situent généralement sur le cou, que les oiseaux doivent étirer entre les barreaux des cages pour atteindre l’eau et la nourriture. Comme il leur est très difficile d’atteindre l’eau et la nourriture, et qu’il leur en est distribué juste ce qu’il faut pour leur survie, les cas de malnutrition et de déshydrations ne sont pas rares.

Les poules entassées dans des cages ont à la fois trop et trop peu de contacts sociaux, ce qui nuit à leur santé. Elles ne peuvent pas échapper à leurs compagnes de cage qui constamment empiètent sur leur espace personnel. Elles ne peuvent pas non plus passer du temps avec les compagnes de leur choix. Pour des animaux sociaux, c’est un dommage aussi grave qu’une blessure physique. Les poules devenues folles à cause de l’entassement et du confinement peuvent donner des coups de bec agressifs à leurs compagnes de cage ou sur certaines parties de leur propres corps, au point de se blesser. Afin d’éviter des pertes économiques liées à ce becquetage, les élevages industriels débecquent les poules en brûlant l’extrémité du bec des poussins. C’est un procédé douloureux qui, chez de nombreuses poules, a pour résultat de causer des douleurs névralgiques tout au long de leur vie.
>
3 - Qu'est-ce que les animaux disent de cette souffrance
 
Les poules en  cages de batterie expriment clairement l’étendue de leur souffrance et leur désir d’en être soulagée. Les militants qui ont pénétré dans des élevages industriels de poules pondeuses pour documenter les conditions et/ou pour libérer des poules font invariablement état d’une cacophonie de cris de détresse. (Il est facile de distinguer ces cris des gloussements, appels et chants des poules contentes.) Certaines poules passent toutes leurs journées à essayer de s’évader. D’autres s’effondrent dans un état d’abattement tel qu‘elles ne bougent plus. Tant l’activité frénétique que l’immobilité sont des signes de détresse chez les oiseaux dont le comportement diurne normal alternerait entre attitude détendue et relaxation vigilante.

4 - Evaluez l'étendue du soulagement que cette mesure apporterait

De toute évidence, le contraste entre la vie dans une cage de batterie et la liberté relative des poules férales ou vivant dans un sanctuaire(8) est considérable. Toutefois, comme les mesures qui interdisent les cages de batterie n’interdisent pas la production d’œufs, la comparaison appropriée doit être faite entre les élevages industriels de poules pondeuses en cage et ceux hors cage.

Les élevages de poules pondeuses "plein air" et "hors cage" varient sensiblement quant à l’espace accordé à chaque oiseau, l’accès à l’extérieur pour chercher de la nourriture et prendre des bains de poussière, et les "enrichissements" tels que les perchoirs. Tandis que certaines exploitations  familiales qui vendent les œufs d’un petit nombre de poules sur les marchés fermiers ou autres ont des installations  proches de l’image que se font la plupart des gens de la production "plein air", la plupart des œufs "hors cage" ou "plein air" disponibles dans le commerce proviennent de bâtiments de type hangars dans lesquels les poules sont entassées,  ayant peu - ou pas du tout, accès à l’extérieur.

La question qui se pose est donc  : est-ce que les oiseaux élevés dans ce type d’installations souffrent sensiblement moins que ceux élevés dans des cages de batteries ? Ma réponse, basée à la fois sur une réflexion logique et sur une expérience personnelle avec des oiseaux provenant directement de ces deux types d’élevages, est  "oui ".

Même lorsqu’elles sont confinées dans les hangars surpeuplés des élevages hors cage et sans le moindre enrichissement, les poules ont la possibilité de former des groupes sociaux avec les individus de leur choix et leur liberté de mouvement est moins restreinte que celle des poules élevées en cage de batterie, qui ne peuvent ni marcher, ni étendre leurs ailes et qui ne peuvent socialiser qu’avec leurs compagnes de cage. Les oiseaux étant des animaux sociaux et mobiles,  cela représente des améliorations importantes. De plus, les poules qui ne sont pas en cage ne souffrent pas de déformations aux pattes dues au fait d’être constamment agrippées à des barreaux,  de perte de leurs plumes,  d’abrasions causées par le raclage du cou entre les barreaux pour atteindre l’eau et la nourriture,  ni de dégénérescence musculaire résultant du manque d‘exercice. Bien que frustrés par la captivité et les privations, les oiseaux qui ne sont pas en cage n’endurent pas la contrainte psychologique extrême liée au fait d’être immobilisés dans un petit espace qui rend impossible le moindre mouvement susceptible de soulager une douleur intense.

Ces conclusions sont corroborées par notre expérience à l’Eastern Shore Sanctuary, où des poules de réforme (8) provenant de ces deux sortes d’élevages ont trouvé refuge. D’après notre expérience, le degré de gravité visible des préjudices subis chez les poules qui ont passé tout leur temps dans des cages de batterie est bien supérieur à celui des poules qui ont passé un temps équivalent dans des élevage hors cage, en ce qui concerne la santé physique générale, le nombre et l’étendue des blessures spécifiques, et le niveau de traumatisme psychologique exprimé par le comportement. (Cela ne veut pas dire que les poules qui viennent des élevages hors cage n’ont ni blessure, ni traumatisme, mais simplement que l’état des poules provenant des élevages en batterie sont, selon notre expérience, nettement pire.) Les poules de réformes des cages de batteries arrivent pratiquement dépourvues de plumes, et avec des abrasions visibles sur les ailes et le cou. Certaines sont  incapables de  marcher  à cause de leurs pattes  estropiées  et   toutes



 => 8


_________________________

(7) Les faits concernent les cages de batterie sont si bien connus des militants animalistes que je ne ferai que les exposer brièvement ici. Pour un compte-rendu plus complet des souffrances endurées par les poules élevées en batterie pour la production industrielle d‘oeufs, se reporter à l’article I know Why the Caged Bird Screams , publié par Satya Magazine en février 2006.
(8) A l’Eastern Shore Sanctuary, la plupart des oiseaux dorment dans des granges qui sont fermées la nuit pour en interdire l’accès aux prédateurs mais ouvertes sur de vastes enclos durant la journée. Certains oiseaux préfèrent dormir dans les arbres et chercher leur nourriture sur de plus grandes distances. Avec le temps, ces oiseaux se sont "re-ensauvagés", formant des troupes férales dans les vies desquelles nous n’intervenons pas excepté en cas de maladie ou de blessure. Les voisins nous disent qu’ils ne pensent pas à ces oiseaux comme appartenant à quelqu’un mais plutôt comme à des résidents du voisinage, comme le héron bleu qu vit au bord du ruisseau ou les dindons sauvages qui vivent dans les bois.
(9) Les poules "de réforme" sont des oiseaux qui, après de nombreux mois à produire des œufs, ont cessé de pondre à un rythme économiquement rentable et sont, par conséquent, tuées ou mises au rebut. Les poules des élevages industriels sont généralement "réformées" après 18 mois environ.