animal sujet publie les traductions d’articles animalistes : militantisme, résistance et agentivité animales, cohabitation humains-animaux...

Analyse stratégique des réformes pour le bien-être animal ...(4)


7. Les militants animalistes devraient écouter les animaux


Si nous croyons vraiment que les animaux méritent l’autodétermination alors nous devons les écouter quand ils nous disent ce qu’ils veulent. Cela ne signifie pas que nous devons accéder à tous les souhaits qu’ils expriment sans tenir compte des circonstances (le chat haret qui, ignorant le concept du semi-remorque, veut courir sur une autoroute peut, à juste titre,  en être empêché) mais que nous ne pouvons pas, en toute bonne foi, prendre des décisions qui ont un impact sur la vie des animaux sans prendre leurs opinions en considération.

8. Les actions menées au nom des animaux devraient l’être dans leurs intérêts 

Les avocats doivent faire ce qui est le mieux pour leurs clients, même si cela va contre leurs propres inclinations, il en va de même pour les militants animalistes dont les décisions doivent être guidées par ce qui est le mieux pour les animaux plutôt que par un désir personnel de constance cognitive, de confort émotionnel ou de sentiment de pureté morale. Cela ne veut pas dire que les militants animalistes ne doivent jamais utiliser de rhétorique qui fasse appel aux intérêts personnels des gens. Ce type de rhétorique peut-être très efficace pour acquérir d’importantes avancées pour les animaux. Toutefois, nos propres réflexions sur ce qu’il s’agit de faire ou de ne pas faire pour les animaux devraient être inspirées par leurs intérêts plutôt que par les nôtres.

9. Les animaux diffèrent les uns des autres

Grâce à nos ancêtres communs, tous les animaux partagent certaines caractéristiques et certains besoins. Même les animaux qui semblent très différents partagent souvent d’importantes caractéristiques physiologiques, telles que les structures de base du cerveau communes aux reptiles, aux oiseaux et aux mammifères. Pourtant, en raison des branches nombreuses de l’arbre de l’évolution, les reptiles à sang froid ont des besoins très différents des oiseaux à sang chaud. Ils ont aussi des priorités différentes concernant la lutte pour se libérer de l’hégémonie humaine.

10. Des animaux différents peuvent vouloir des droits différents

Les gens diffèrent les uns des autres en ce qui concerne les droits qu’ils réclament pour eux-mêmes et l’importance qu’ils donnent à certains d'entre eux. Par exemple, le droit au logement est affirmé dans la Déclaration universelle des droits de l’homme mais il n’est ni codifié dans la constitution des Etats-Unis ni considéré comme un droit par la plupart des citoyens de ce pays. Les citoyens étasuniens ont tendance à attacher une grande valeur aux droits politiques tels que la liberté d’expression mais ont manifesté la volonté d’y renoncer durant les périodes perçues comme critiques. Les gens varient aussi dans la nature - individualiste ou collectiviste - de leur conception des droits. Par exemple, les Amérindiens ont fermement revendiqué un droit collectif sur la terre et se sont opposés énergiquement au droit de propriété foncière individuelle, très valorisé par nombre de descendants d’européens. Quand on considère la grande variété de points de vue, selon l’époque et le lieu, au sein d’une même espèce, il va sans dire qu’il peut y avoir encore plus de discordances entre des espèces différentes. Et, de même que les humains ne s’accordent pas toujours entre eux, les animaux d’une même espèce peuvent avoir des perspectives différentes selon leurs situations.

11. Les intérêts d’animaux différents peuvent être contradictoires

Les intérêts légitimes de différents animaux peuvent s'opposer. Les conflits naturels, tels que les luttes entre prédateurs et proies ou les compétitions entre insectes qui utilisent la même plante, dépassent le cadre de cet article et tendent à s’équilibrer dans les écosystèmes qui n’ont pas été perturbés par les humains. Toutefois l’exploitation des animaux par les hommes a préparé le terrain pour des conflits d’intérêts anormaux, comme lorsque le droit des visons à échapper à la captivité s’oppose aux intérêts des animaux qui, d’habitude,  ne sont pas confrontés à la prédation par les visons. Puisque ces contradictions soulèvent des questions éthiques particulièrement complexes pour les militants animalistes et puisque ce que nous faisons (ou ne faisons pas) comptent pour les animaux déjà existants, il est important de faire la distinction entre contradictions certaines et contradictions éventuelles et d’être très prudent dans l’évaluation des probabilités de conflits d’intérêts.

12. Les animaux tiennent à leurs vies et à celles de certains animaux de leur entourage

A moins qu’ils n'aient été traumatisés au point d‘être complètement soumis, les animaux s’enfuient ou luttent lorsqu’on tente de mettre fin à leurs vies, démontrant par là-même qu'elles comptent pour eux. Par leur comportement, ils manifestent aussi que la vie de leurs parents, lorsqu’ils les connaissent,  ou de leurs compagnons comptent. De diverses façons, beaucoup d’animaux indiquent par leurs actions que la vie des membres de leur famille, de leur troupeau, de leur harde, et parfois même de compagnons appartenant à d’autres espèces sont importants pour eux. Les animaux sacrifient parfois leur bien-être et même leur vie, pour d’autres animaux.

13. Les animaux ne sacrifient pas leurs vies ou leur bien-être pour des inconnus

Nous ne pouvons pas savoir si la vie d’animaux inconnus comptent pour les animaux et par conséquent nous ne pouvons pas supposer qu’il existe chez eux une volonté de sacrifier leur vie pour des inconnus d’autres espèces (6). De la même façon, nous ne pouvons pas savoir si la vie d’hypothétiques animaux à venir compte pour les animaux. Alors que certains prennent soin de leurs petits, démontrant de ce fait une préoccupation  pour l’existence de futures  générations,  d’autres  ne le font  pas.  Alors que certains animaux 

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(6) Nous pouvons supposer que les animaux connus pour adopter des membres d’autres espèces pourraient se soucier des autres animaux s’ils les connaissaient mais de telles spéculations ne permettent pas de supposer que des rats de laboratoire seraient disposés à différer leur libération afin d’améliorer le bien-être des poules ou que les poules de Californie seraient prêtes à être torturées afin d’accélérer la libération des rats.