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Stratégies pour promouvoir les droits des animaux..(6)



à l'exploitation des animaux pour produire n’importe lequel de ces maux, ni dans quels délais il disparaîtrait si on mettait un terme à l’exploitation animale. La situation est encore compliquée par l’existence d’autres facteurs identifiés comme responsables de ces problèmes.

Par contre, les gens peuvent être certains que les animaux souffrent et meurent en ce moment même à cause de l’alimentation humaine et de la médecine. Les gens savent que la consommation de viande, par nature, exige la mise à mort des animaux. Ils savent que les animaux de laboratoire sont tués. Ils savent ce que sont les élevages industriels, les souffrances des vaches laitières et de leurs veaux et celles des animaux utilisés pour les expériences. Ceux qui exploitent les animaux eux-mêmes admettent toutes ces choses (par ex. les réglementations gouvernementales sur les niveaux de souffrance acceptable), mais les justifient par des raisons spécistes.

Le facteur animal, inhérent à la politique que nous promouvons, n’est ni lointain ni incertain en lui-même ou dans l’esprit du public. C’est pourquoi il offre une base plus solide à l’argumentation que les domaines complexes de la guerre, de la destruction de l’environnement, de la pauvreté et des maladies humaines.

On pourrait rétorquer que ces problèmes sont également immédiats et certains, puisque qu’ils ont incontestablement lieu actuellement. Et, pour une personne militant dans ces domaines - ainsi que pour un militant animaliste qui s’aventure au-delà et porte une casquette verte, pacifique, et anti-pauvreté - ou pour un antivivisectionniste sincèrement et exclusivement scientifique, ces questions sont la source d’arguments intrinsèques et sont déterminantes.

C’est le rapport entre la consommation de viande ou la vivisection et leurs éventuelles conséquences dans des domaines ne concernant pas les animaux qui est relativement lointain et incertain ; aussi, dans le cade du militantisme animaliste, ces considérations sont-elles moins déterminantes que le sort fait aux animaux.


Arguments intrinsèques


En ce qui concerne les argument exclusivement intrinsèques, ont peut objecter : "il est vrai que les animaux doivent venir avant, mais quel est le problème si l’on renforce ce discours en ajoutant quelques raisons valables de soutenir une politique en faveur des animaux ? Elles ne peuvent assurément qu’être utiles." Mais parce que l’addition de ces autres raisons transmet le message selon lequel la souffrance et la mort des animaux ne sont pas suffisamment importantes pour emporter l‘adhésion, le recours à des raisons extrinsèques peut, en fait, se révéler nuisible. Si nous mêmes ne sommes pas disposés à proclamer sans équivoque "Faire souffrir ou tuer des animaux est mal, indépendamment de toute autre considération." comment pouvons-nous espérer qu’un public indécis y croit ?

Cependant on pourrait objecter qu’il est peut-être peu diplomatique et partant, contre-productif, de suggérer que les gens agissent irrationnellement et immoralement ? Une approche moins directe ne donnerait-elle pas de meilleurs résultats ? Bien sûr, nous ne pourrons pas gagner les cœurs et les esprits en critiquant frontalement les individus mais, quand nous nous adressons à un groupe de façon impersonnelle, comme lorsque nous dénonçons certaines pratiques sociales ou décortiquons des attitudes sociales, nous permettons à ceux qui nous écoutent ou nous lisent de réfléchir sur la question en privé, avec leur amour-propre intact.

Malgré le manque de confiance trahi par notre dépendance vis-à-vis des arguments extrinsèques, nous sommes en réalité en meilleure position lorsque nous nous en tenons à notre sujet principal. Les spécistes, après tout, sont obligés de justifier ce que même eux seraient prêts à reconnaître comme un tort évident - à savoir, faire souffrir et tuer des animaux, alors que nous ne somme pas obligés de justifier une ligne de conduite qui refuse de les faire souffrir ou de les tuer. Le seul obstacle à l’acceptation de notre position est le manque d’arguments en faveur de la priorité morale des humains.

En ce qui concerne les arguments intrinsèques eux-mêmes, ils doivent d’abord attirer l’attention sur les mauvais traitements que les humains infligent aux animaux, puis attaquer les excuses spécistes avancées pour les justifier. L‘appel à la compassion est nécessaire car si nous ne faisions pas de mal aux animaux - ce qui inclut le fait de les emprisonner et de les tuer, le débat sur le spécisme ou les droits des animaux n’aurait qu’un intérêt académique. Roger Yates (2006), dans son plaidoyer pour un position philosophique des droits des animaux, remarque que les arguments basés sur la cruauté peuvent être welfaristes ou tactiquement orientés. Mais, si elle est accompagnée d’un appel à la libération animale, la dénonciation de la cruauté n’est pas welfariste et n’est, en aucun cas, tactique au sens de manipulateur et hypocrite.

Toutefois, la compassion se heurte aux barrières humanistes dans l’esprit des gens, en particulier lorsqu’ils sentent que leurs intérêts primordiaux sont menacés. C’est pourquoi la critique de la suprématie humaine, bien qu’impliquant encore un appel à la compassion, est indispensable. La genèse et le développement de notre mouvement sont ancrés dans la conscience du fait que les hommes font souffrir et tuent les animaux.

- Appels à la compassion

Selon la remarque célèbre d’Isaac Bashevis Singer, nous devrions devenir végétariens par souci pour la santé des animaux plutôt que pour la nôtre . (Kanfer 2006) . Bien que l’argument compassionnel découle nécessairement de l’émotion, ses étapes - de "ces animaux souffrent à cause des actions humains " à "nous souffrons avec eux " à "nous ne voulons pas souffrir " à "nous devons stopper ces actions" (ou, en langage éthique  "c‘est  mal") -  sont  reliées  de façon rationnelle.  De cette façon, les sentiments sont  "le fondement  même de la  moralité"